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photovoltaïque Ne pas court-circuiter l’agriculture !

© V. Gobert/GFA

De nombreux acteurs des filières photovoltaïque et agricole se sont réunis à Bordeaux le 5 novembre pour parler du développement des liens entre ces deux mondes.

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Le sujet est électrique, le débat est permanent et la polémique n’est jamais bien loin : mêler production agricole et photovoltaïque. Le sujet était à l’honneur d’un colloque à Bordeaux ce mardi 5 novembre 2019. L’occupation des sols est aujourd’hui une question centrale, à toutes les échelles de la société. « Les différents usages sont souvent placés en concurrence, souligne Vincent Vignon, de l’entreprise Valorem, mais on ne peut plus se permettre aujourd’hui d’avoir des usages uniques. Nous manquons de place et la mixité des usages permet de gagner en efficacité ». La transition énergétique est amorcée et le développement des énergies renouvelables n’est plus optionnel. L’installation de panneaux photovoltaïques sur les fermes s’est jusqu’ici faite sur les bâtiments (élevage, hangar, serres) mais lorgne à présent les champs.

Priorité aux zones artificialisées ou dégradées

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) le rappelle, de même que le conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine et le ministère de la Transition écologique : la priorité est le développement du photovoltaïque sur les espaces artificialisés (parkings, bâtiments, friches industrielles) et les zones dégradées dans lesquelles la production agricole ou forestière est rendue difficile. L’idée de mettre des panneaux dans les parcelles fait grincer des dents, mais pourrait néanmoins améliorer les rendements agricoles si elle est réalisée intelligemment.

Un autre problème se pose néanmoins : si on veut limiter l’étalement urbain et la disparition d’espaces agricoles et naturels, les friches doivent être réhabilitées. Les pionniers de l’agrivoltaïsme revendiquent le sauvetage de certaines fermes grâce au complément de revenu offert, par exemple pour l’élevage de petits ruminants sous des ombrières photovoltaïques. Les autorités publiques sont conscientes du risque de dérive, où l’élevage ne deviendrait qu’une activité secondaire, destinée à disparaître car moins profitable. Un encadrement législatif de ces pratiques est nécessaire. Au Japon, où l’agrivoltaïsme est très développé, la loi n’autorise ces pratiques que si les rendements agricoles des zones concernées atteignent au moins 80 % de la production de référence.

Adaptation des cultures au changement climatique

L’Inra de Montpellier mène des recherches poussées en la matière. Christian Dupraz, directeur de recherche, annonce des résultats très intéressants avec les systèmes de panneaux mobiles, pouvant tourner autour d’un ou deux axes motorisés. Les dispositifs de « trackers » ont été conçus pour améliorer la production des panneaux en suivant la course du soleil. Ces systèmes peuvent être utilisés différemment, pour maximiser la production agricole en pilotant les zones d’ombrage.

Les phénomènes de sécheresse, de plus en plus fréquents avec le changement climatique, pourraient ainsi être limités par la réduction de l’évapotranspiration. Les besoins en lumière solaire des cultures ne sont pas constants au cours de leurs cycles de développement. Au cours de ces stades clés, les panneaux peuvent être placés « en drapeau » et s’effacer pour que les zones d’ombre soient quasi inexistantes. Un bon pilotage des panneaux peut également jouer sur le microclimat sous les panneaux. Le risque de gelée peut ainsi être significativement réduit. Ces systèmes pourraient accroître la productivité agricole ou au moins limiter considérablement la concurrence entre les deux productions, tout en augmentant les revenus pour les agriculteurs.

Gildas Baron

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